Ces dates-anniversaires marquent deux naissances, ou plutôt deux renaissances successives, qui s’inscrivent comme toute progéniture dans la lignée de ses prédécesseurs.

Ayant moi-même traversé ces trois générations en collaborant aux transitions de 2004 et 2007, je vais évoquer ce qui me semble avoir été, et être encore aujourd’hui, le fil conducteur de ce parcours.

UNIR EN PRÉSERVANT LES DIFFÉRENCES

Si comme le dit l’adage « l’union fait la force », elle prend aussi le risque d’uniformiser au détriment de la diversité. Les communautés d’intérêts sont naturellement jalouses de leur pouvoir afin d’affirmer leurs particularités et leur identité. Mais en même temps, leur division affaiblit leurs forces. Ce n’est que lorsque des intérêts communs deviennent prioritaires par rapport aux différences que se fait sentir le besoin de s’unir pour un même combat. Cette union peut se faire de plusieurs façons pouvant aller de la simple coopération à la fusion des organisations. Entre ces deux extrêmes, l’association faîtière permet de regrouper des associations-membres autour d’intérêts communs, tout en préservant leur intégrité.

Cette dernière solution a prévalu jusqu’à la restructuration de Danse Suisse en 2007. En effet, lors de sa fondation initiale de 2004, notre association conserva la forme faîtière de ses deux prédécesseurs, ASD et VSBT*. Cette dernière absorba la première en se rebaptisant « Danse Suisse », mais sans changer sa structure qui regroupait encore les trois associations ASPD, AsuDaC et ASDeM*.

L’UNIFICATION DE 2004 ÉTAIT UN DÉBUT

Cette première étape a permis de n’avoir qu’une seule association faîtière au niveau national. Elle s’est faite sous l’impulsion de l’OFC* et des milieux associatifs qui ressentaient la nécessité de s’unir pour gagner en force, en reconnaissance et en professionnalisation de la danse.

Mais avec trois sous-associations séparées les unes des autres, la structure faîtière de Danse Suisse limitait son efficacité et ne remplissait pas toutes les exigences de l’OFC.

A l’issue de deux années de travail en dialogue avec l’ensemble du milieu, la nouvelle structure de Danse Suisse aboutit le 22 septembre 2007.

LA RESTRUCTURATION DE 2007 EST UN GRAND PAS EN AVANT

Dès 2007, Danse Suisse n’est plus « faîtière », mais regroupe les professionnel·les de la danse en tant que membres individuels. Le paysage associatif est alors simplifié : AsuDaC et ASPD sont dissoutes et leurs membres rejoignent Danse Suisse.

En regroupant directement les professionnel-le-s de la danse au sein d’une seule et même association, celle-ci devient le porte-parole pour tous les styles de danse dans tous les domaines (danse, chorégraphie, pédagogie, médiation, administration, organisation). Elle acquiert ainsi un poids politique plus important et gagne en efficacité et en visibilité.

Afin d’assurer la représentation de la diversité de ses membres, Danse Suisse a toujours veillé à ce que son comité représente les trois principaux métiers de la danse (interprète, chorégraphe, pédagogue), ainsi que la danse classique et contemporaine. A cette même fin, elle consulte aujourd’hui des spécialistes d’autres styles, par exemple des danses urbaines. Enfin, les trois principales régions linguistiques sont désormais présentes dans son comité et l’association communique dans leur langue et le cas échéant aussi en anglais.

CONCLUSION

Le parcours de Danse Suisse, qui inclut ses prédécesseurs, a été un chemin d’unification visant d’une part à renforcer la danse en général, tout en préservant d’autre part la diversité d’identités et d’intérêts. Elle-même née de la diversité, notre association continue de se fonder sur cette base, c’est-à-dire ses membres. En voici quelques exemples récents :

• Danse Suisse défend les intérêts de tous ses membres, les employeurs comme les employés. Par conséquent, ses Directives sur le contrat de travail proposent des solutions favorables et équitables pour les deux parties.
• Dans ses recommandations salariales actuellement en cours de révision, Danse Suisse veille à ce que l’objectif d’améliorer les conditions de travail n’ait pas pour effet secondaire de réduire le nombre de créateurs.
• Lors de l’élaboration de l’Ordonnance de formation, Danse Suisse a tenu à différencier le classique du contemporain. Elle vient d’intégrer l’orientation « Comédie musicale » lors de la récente révision de cette ordonnance.
• Elle s’est positionnée contre la fusion des Prix de la danse avec les autres arts de la scène, afin de préserver la visibilité et l’identité propre à la danse.

Puisse cette rétrospective nous remémorer de fiers souvenirs et affirmer notre confiance en nous-mêmes, par la voix de Danse Suisse et ses représentant·es dévoué·es.

*ASD / SDT

Association faîtière suisse des professionnels de la danse

Schweizerischer Dachverband des Tanzes

*VSBT

Vereinigung Schweizerischer Berufsverbände des Tanzes

Fédération suisse des associations professionnelles de la danse

*ASPD / SBLV

Association suisse des professeurs de danse classique

Schweizerischer Ballettlehrer Verband

Associazione svizzera maestri di danza classica

*AsuDaC / SVTC / ASviDaC

Association suisse des danseurs et chorégraphes

Schweizerischer Verband der Tänzer und Choreografen

Assoziazione Svizzera dei Danzatori e Coreografi

*ASDeM / SBTG

Association suisse de la Danse et du Mouvement

Schweizerischer Berufsverband für Tanz und Gymnastik

*OFC / BAK / UFC

Office fédéral de la culture/Bundesamt für Kultur/Ufficio federale della Cultura

***Le contenu de cette rubrique ne représente pas nécessairement la position de l'association professionnelle et relève de la responsabilité de ses auteurs/trices.***